Et tu n’es pas revenu de Marceline Loridan-Ivens
Mots-clés : roman
Un livre de plus sur Auschwitz. Oui, et il le fallait vraiment parce que M. Loridan-Ivens nous conduit sur ses traces et celles de son père, à qui elle écrit cette poignante lettre, mais pas seulement. Elle a 16 ans la petite juive quand elle est arrêtée puis convoyée vers Drancy avec son père par la milice de Pétain, dont on nie aujourd’hui encore la collaboration avec les nazis ! De là, ils partent en wagon à bestiaux pour Auschwitz-Birkenau. A son arrivée, on dit à Marceline, frêle fillette, d’affirmer qu’elle a 18 ans. Elle est alors séparée de Schloïme, son père, dont le nom vient de Salomon, le pacifique. Il lui avait dit dans le train : « Toi, tu reviendras peut-être parce que tu es jeune, moi, je ne reviendrai pas ». Un jour, Marceline, matricule 78750, croise le commando de son père. Ils se jettent dans les bras l’un de l’autre. Elle est assommée par les SS. A son réveil elle trouve dans sa main une tomate et un oignon. Puis, nouveau miracle d’ingéniosité, son père lui fait passer un tout petit bout de papier froissé, dont elle se souvient de l’en-tête : « Ma chère petite fille », et de la signature : « Schloïme ». Elle n’a jamais pu jusque-là se souvenir de la teneur de ce billet ! L’intérêt de ce livre est pluriel. D’abord c’est le regard d’une adolescente juive sur la barbarie organisée qu’elle appelle : « la mort industrielle », et ce sont aussi les sentiments d’une adolescente qui n’a pas peur de révéler sainement à la fois sa rébellion et son œdipe. Puis elle nous livre la difficulté à se reconstruire après un tel trauma : « Il m’a fallu bien des rencontres pour m’accommoder à l’existence. Et du temps pour aimer », « T’écrire m’a fait du bien ». Enfin, les dernières pages, très riches, sont consacrées aux réflexions d’une femme d’exception, créative et sage, de 87 ans aujourd’hui, sur tous les espoirs qu’elle a portés pour la paix et la liberté, et qui s’assombrissent étrangement devant la réalité actuelle.
Bernard, lecteur des Lectures Irrésistibles. Organisé à la Médiathèque Simone de Beauvoir tous les premiers jeudis du mois à 16H. Une suggestion de lecture proposée au club des Irrésistibles du Réseau des Bilbiothèques Publiques de Montréal partenaire
des Médiathèques du Pays de Romans.
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Imprimer | Commenter | Articlé publié par Médiathèque Monnaie le 27 Avr. 15 |