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« Je veux t’empêcher d’être mêlée à une histoire où tu ne seras qu’une femme, à peine plus importante que ces moutons sacrifiés.»
 
Une femme chuchote à l’enfant qu’elle porte. Son murmure est un cri. Elle se rappelle le terrifiant massacre auquel elle a échappé de justesse et elle serait prête à crier toute l’horreur de cette nuit-là, où on a tué des milliers d’innocents, si on ne lui avait pas tranché la gorge. « Un torrent de terreur. » Je n’ai qu’une envie, lui prêter ma voix pour qu’elle se fasse entendre, mais c’est inutile, Kamel Daoud le fait si bien !
Les soliloques d’Aube, empreints de poésie, sont un souffle de rage contre toutes les contraintes imposées aux femmes algériennes, mais aussi à toutes les femmes du monde qui sont privées de liberté. De sa voix discrète, elle raconte à sa petite fille (sa sardine, son têtard, sa perle, sa belle mandarine) la souffrance des victimes de la guerre civile en Algérie, une décennie noire. Un monde dans lequel elle ne veut pas qu’elle naisse, pour la sauver, pour « l’empêcher de mourir » à chaque instant de sa vie.
Comment cet auteur, un homme, a-t-il pu décrire avec tant de sensibilité les tourments des femmes prisonnières d’un système politique, d’un endoctrinement religieux ? Malgré tous ces événements difficiles à supporter, Kamel Daoud se montre parfois tendre, au point de transformer une horrible cicatrice en sourire.
Comment est-il possible que, dans la noirceur de ces pages magnifiques, on respire la vie alors que tant de pages sentent la mort ! Des pages coups de poing que j’ai laissées souvent en plan, le souffle court, l’estomac noué.
De la découverte d’une guerre monstrueuse, dont j’ignorais tout, naît un livre bouleversant, terrifiant, admirable. Une lecture parfois insoutenable parce que la réalité dont ce livre témoigne est d’une épouvantable cruauté. Parce que « en Algérie, on ne sait pas quoi faire des victimes de la guerre civile. On les laisse passer, on attend qu’elles meurent. »
Ce livre est un devoir de mémoire.

Une suggestion de lecture proposée par un  de Montréal membre du club des Irrésistibles du Réseau des Bibliothèques Publiques Montréal partenaire des Médiathèques de ValenceRomansAgglo.

Lire également la critique de ici


Houris
de Kamel Daoud  - Gallimard. Le Réserver ?

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